mise à jour 3. 

Saint Jacques de Compostelle et la route vers la fin du monde

21 Juillet 2006

Sines, Portugal

Peut-être vous demandez vous pourquoi n'avons pas encore rejoint l'Afrique ? Eh bien, au lieu de prendre le chemin le plus direct en évitant les hordes de touristes estivaux et les campings bondés comme des gens plus raisonnables le feraient, nous avons décidé de passer par les plus beaux coins et de se mettre dans la peau de touristes en pleine haute saison. Nous avions aussi pensé que les routes le long de la côte atlantique seraient moins bosselées et l'air plus frais. En fait la côte est très accidentée et les températures ont souvent frôler les 40 OC et lorsque l'air était plus frais il a fallu se battre contre le vent.  

Rencontre avec les "gens du voyage"

Nous avons quitté le Le Puy après une journée de repos bien méritée et rejoint le camping municipal très animé de St Almans sur Batignoles, ou la fête du village touchait à sa fin et un groupe de nomades étaient les seuls campeurs en vue.  Nous avons été reçus par un maire (également gérant  du camping) bien éméché. Il était sensé venir nous facturer la nuit mais nous ne l'avons plus revu. Il avait sans doute mieux à faire.  Quelques heures plus tard un couple de retraités belges est arrivé et c'est seulement après s'être installés qu'ils se sont rendu compte de la nature des autres campeurs. Presque paniqués ils ont accosté Amaya dès qu'ils l'ont vue. Celle-ci a du les rassurer quant aux bonnes intentions de leurs voisins. A part une petite bagarre très vite maîtrisée, la nuit a été bien calme. Nous avons même été un peu déçus de n'avoir pas été abordé par des cartomanciennes et autres diseuses de bonne aventure. Il n'y même pas eu de feu de camp avec musique et danses gitanes !



En fort contraste avec les champs cultivés et villages par lesquels nous sommes passés le plateau d'Aubrac offre des paysages austères balayés par le vent, des formations de roches calcaires et des pâturages montagneux. Une côte "casse-pattes" nous a mené au col du même nom à 1340 mètres d'altitude, puis nous avons ensuite été récompensés par une descente de 24 kilomètres.  Des endroits aussi désolés et reculés donnent souvent naissance à des mythes et légendes et l'Aubrac ne fait pas exception.  Vous connaissez sans doute déjà celle de la bête du Gévaudan, une créature mi-hyène mi-lion qui aurait terrorisé la région au 18 ième siècle et qui est tenue responsable de nombreuses disparitions et morts atroces.

Plus beaux villages de France

Dans le Midi Pyrénées, nous avons pédalé à travers une zone qui pourrait prétendre avoir la plus forte concentration de villages décernés "plus beaux villages de France". Il y a, certes de très beaux villages , même si certains ont depuis longtemps perdu leur authenticité (Conques est l'un d'eux), avec toutes les maisons traditionnelles transformées en boutiques et restaurants fréquentés par des touristes en mal de dépenses.  Quelques villages ont cependant  su préserver leur caractère et charme et vous transportent à une autre époque où la vie sociale tournait autour du café du coin  et les gens bavardaient avec leurs voisins plutôt qu'avec des inconnus sur les "chats" et autres forums internet.





Course cycliste
Par un beau dimanche après-midi notre itinéraire a chevauché celui d'une course cycliste d'amateurs et là nous avons constamment été doublés dans les côtes, cela aurait pu être découragent si chaque cycliste n' avait pas exprimé son admiration soit en plaisantant ou encore avec des mots d'encouragements lors de son passage.
En s'approchant enfin du sommet d'une montée exceptionnellement longue, nous avons été salué avec applaudissements et nous avons invités à partager le casse-croûte. Le cyclisme reste surtout un hobby masculin en France, avec ici seulement 18 participantes sur un total de 215. Ce chiffre augmente cependant d'année nous a-t-on assuré. Eric a eu une discussion avec l'un des vétérans plein de conseils et autres tuyaux.

Les 5 jours qu'il a fallu pour atteindre St Jean Pied de Port et la frontière espagnole ont été de plus en plus exténuants, avec une interminable série de montées et descentes "casse-pattes", en traversant  les régions d'Armagnac et de Gascogne dotées d'une autre forte concentration de "plus beaux villages" de France. Le gérant d'un  camping a évoqué un couple de cyclistes des Alpes qui avait trouvé ce trajet le plus difficile depuis leur départ . Cette remarque n'a pas apaisé nos muscles endoloris mais a bien relevé notre moral.

Pèlerins des temps modernes
St Jean Pied de Port nous a reçu avec pluie et froid et nous avons du monter notre tente sous une forte averse. Une fois blottis dans notre abri nous n'avons plus oser nous aventurer au dehors et avons dévoré notre stock de muesli pour calmer notre faim alors que la pluie se faisait de plus de plus violente.
Finalement, après la tempête, nous avons cheminé en direction du village, payé les deux-euros d'inscription, choisi une coquille et sommes officiellement devenus pèlerins de St Jacques.
Durant le moyen-age, les pèlerins ont constamment afflué de toute l'Europe en route pour la ville sainte su un itinéraire regorgeant d'histoire, de légendes et d'art. Le milieu des années 80 a vu un regain d'intérêt pour le
 'Camino de Santiago' et aujourd'hui les gens affluent par milliers pour le voyage de 800  kilomètres a pied, a vélo ou a cheval.


Traverser les  Pyrénées pour rejoindre Pampeloune a été plus facile que nous ne l'avions pensé malgré une grosse averse et une très faible visibilité à l'approche du col (donc désolés pas de photos avec des vues à couper le souffle !).  Nous sommes entrés dans la cité par la grande porte - la même par laquelle passent les taureaux pendant le festival de Saint Firmin et avons déambulé dans les rues pavées de l'ancienne cité en admirant  l'architecture de style gothique et en s'imprégnant de l'ambiance de Navarre.



Dans notre nouveau rôle des pèlerins, la vie est devenue beaucoup plus facile à certains égards. Premièrement, pour poursuivre notre chemin nous n’avions simplement qu'à suivre les grandes flèches jaunes omniprésentes indiquant le Camino. Ensuite, nous avons été autorisés à rester aux auberges de pèlerins. Ces pensions peuvent être bon marché (4 euros par personne) mais on doit subir les ronfleurs, les lèvent-tôt (5 heures semblent être la tendance pour les marcheurs allemands) et les accrocs du sachet en plastique qui emballent et déballent leurs sacs aux petites heures quand les personnes raisonnables veulent simplement gagner quelques heurs de sommeil.

Ces grandes flèches jaunes nous ont aussi mené vers de nouvelles difficultés. En les suivant a la sortie de Pampeloune nous nous sommes retrouves au milieu de terres arides et au sommet du Alto del Perdon. Nous avons du pousser nos vélos la plus grande partie du trajet sur terrain  très accidente compose de creux, rochers gênants et gravier. Très vite nous avons du nous rendre à l'évidence : faire le « Camino » à vélo chargé signifie aussi trouver parfois des itinéraires bis. Durant les 11 jours passés sur le « Camino » ont été l'occasion de rencontre d'une part avec des paysages varies - vignobles et champs cultivés, les petits pics du massif montagneux Oca, les plaines de Leon, les champs de blé de la Meseta (plateau) et finalement la luxuriante campagne galicienne – et d'autre part avec de divers individus – beaucoup étaient en recherche spirituelle peut-être inspires par romans à succès de Paolo Coelho, d'autres ont viser le défi physique et d'autres enfin ont été attire par les vestiges historiques.

Déplaisantes sont les longues sections du “Camino” le long de la route nationale. La circulation intense finit par taper sur les nerfs. Tandis que le cycliste  peut accélérer sa cadence et  avaler ces sections relativement rapidement, pour la majorité des pèlerins, piétons, cela revient a passer de longue heures sous le soleil accablant a quelques mètres de poids lourds lancés a pleine vitesse.
Ces dans ces conditions que le lecteur mp3 vient a point.



Le regain d'intérêt pour le chemin de Compostelle l'a également transformé en un cirque commercial, avec Pepsi-cola, Coca-Cola et Nestlé rivalisant pour le contenu du porte-monnaie des pèlerins.  Des distributeurs automatiques tentant les marcheurs assoiffés sont situés aux points stratégiques le long du chemin, par exemple juste avant les fontaines de village déversant de l'eau fraîche et gratuite. 

Le point culminant du pèlerinage a été de recevoir (en échange de pour « le don recommandé » de 2 euros) le « Compestela », un certificat officiel délivré par le bureau de pèlerins à Saint Jacques accréditant l'accomplissement du pèlerinage.  A notre retour nous ne manquerons pas de le faire encadrer et le suspendrons a cote d'autres documents et récompenses prestigieux afin d'impressionner  collègues, amis et famille. 

La fin du monde
Les puristes affirment que le pèlerinage se termine en fait au cap finistère - Fisterra - la fin du monde. Les autorités touristiques espagnoles insistent sur le fait que le point le plus occidental du continent européen se situe là même malgré les nombreux français qui croient encore que ce point se trouve à l'extrémité Ouest de la  Bretagne dans le département du Finistère. Nous avons été dupes aussi car le point en question se trouve a Roca de Cabo au Portugal. Étant mal informes nous avons fait le détour par Fisterra. « Ce n est pas 100 km sur terrain plat » assura Eric. Il n'aurait pas plus se tromper. Au bout de six laborieuses heures de montagne russes nous avons fini par atteindre la pension de pèlerins. 15 ékilomètres environ la sépare du phare supposant marque le point le plus occidental du continent. Cette petite excursion nous a coûté 3 jours et litres et litres de sueur ! 

 


Ayant pris goût a ce statut de pélerin nous avons décidé de continuer sur le  "Camino Portugues", mais dans la direction opposée. Ce n'etait évidememnt pas facile de trouver les flèches jaunes en voyageant dans le sens opposé. De plus, les gens du pays ont été stupéfiés de nous voir ainsi nous éloigner de Saint Jacques. « Mais ce n'est pas le Camino, » ont-ils souvent lancer, exaspérés. Nous avons fini par rejoindre et suivre les routes sinueuses et balayée par le vent le long de la côte atlantique. Avec un sentiment d’accomplissement nous avons fini par traverser la frontiere portugaise le 10 Juillet

Nous comptons être sur le bateau pour l'Afrique début Août. Il nous reste donc quelques semaines de vacances à l'européenne devant nous
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Bien à vous
Amaya and Eric