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world biking africa: dans la presse

 Dernières Nouvelles d'Alsace  - Dimanche 4 juin 2006

Obernai / Du vignoble obernois au dunes namibiennes à vélo

Itinéraire bis pour Le Cap
Eric Schambion et Amaya Williams ont choisi Obernai comme point de départ d'une aventure qui promet d'être singulière : traverser l'Afrique pour rallier Le Cap, en Afrique du Sud, soit 30 000 km qu'ils parcourront à la seule force de leurs mollets. Un challenge ? Non, un voyage.

Quarante kilos de matériel sur le vélo, de la tente à l'ordinateur portable, pour un grand voyage commencé hier matin. (Photo DNA - J.-P. Kaiser)

Ces deux voyageurs étonnants s'apprêtent à traverser 30 pays, parcourir les 30 000 km qui séparent Obernai du Cap et trimballer leurs 40 kg de matériel individuel sur des « world travellers » tout neufs, des petites reines capables de supporter un parcours peu commun : la France par les cours d'eau, le Rhin, la Saône, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, le Portugal, puis le Maroc, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Ghana, le Niger, le Nigéria, le Cameroun, le Gabon, le Kenya, le Mozambique, la Namibie et enfin l'Afrique du sud. Un voyage de 18 mois, entre le départ prévu le 7 juin, et le retour annoncé pour la fin de l'année 2007.


 

La dimension sportive n'est pas une fin

 Pour Eric et Amaya, l'objectif de ce pari fou est d'encourager la pratique d'un moyen de transport écologique, économique et sympathique. Résidant actuellement en Allemagne, où la pratique du vélo est autrement plus dynamique, ils ont songé au deux-roues car « étant un moyen d'apprécier davantage, de ne pas être tributaire des horaires des transports en commun, d'élargir son horizon, par rapport à la marche, et d'être plus proche des gens ». Plutôt dans ce cas, avoir effectivement recours à un vélo qu'à un 4x4.
 

Leur démarche se veut également utile : le couple pédale pour CAMFED (Campaign for female education), une association anglaise d'envergure internationale qui oeuvre en faveur du renforcement de la scolarisation des jeunes filles en Afrique. Ils rendront d'ailleurs visite à plusieurs établissements scolaires soutenus par l'association

 

Leur voyage revêt enfin la forme d'un challenge sportif. Pas question pour autant d'abattre les kilomètres le plus rapidement possible. La dimension sportive n'est pas une fin, mais un simple moyen.
 

Plutôt que le sport, le dépassement de soi, la motivation première d'Eric et d'Amaya, est tout simplement le voyage, la découverte, l'ouverture d'esprit, l'envie de se forger sa propre opinion et sa propre expérience d'un continent finalement assez mal connu, quand il n'est pas en proie aux idées reçues, l'Afrique. Eric et Amaya sont surtout des voyageurs comme les autres, mis à part le fait qu'ils s'offriront le luxe d'oublier le temps et de goûter à un sentiment brut de liberté.
 

Une liberté totale, avec tout ce qu'elle comporte de difficile à assumer : Eric et Amaya ont tout plaqué pour partir. Leur appartement à Darmstadt. Leur emploi (lui est ingénieur dans le domaine de l'exploitation des satellites météorologiques et elle, formatrice en anglais) également. Ils ont opté pour le choix de la liberté sans user d'un quelconque filet de sécurité. Tout consacrer à ce goût immodéré de la liberté est peut-être leur plus grand challenge, plus encore que la prouesse sportive. « La sécurité, et surtout la peur de perdre cette sécurité, est tout le contraire de la quête de liberté », explique Amaya. A l'âge de 39 ans, ils ont envie de vivre leur vie, entre occupation professionnelle et voyage, auxquels ils consacrent le même intérêt.
 

Quand on leur parle sécurité sur route, Eric et Amaya répondent : itinéraires bis, petites routes moins fréquentées, chemin que l'on demande aux locaux. « Lorsqu'on circule à vélo en Allemagne, en marge des grands axes de circulation, il se trouve toujours des riverains pour vous indiquer votre route. »

Enfant, son père, routier, l'emmenait dans la cabine de son camion parcourir les routes de France et de Navarre

En matière de voyage de longue haleine, Eric et Amaya n'en sont pas à leur premier galop d'essai. 12 mois en Amérique Latine. 18 mois en Asie du sud-est, voyage au cours duquel les deux protagonistes se sont rencontrés pour ne plus se quitter. « J'avais eu vent de deux femmes qui ont traversé toute l'Eurasie, de Paris à Pékin. Si elles le font, pourquoi pas moi, me suis-je dit », se souvient Amaya qui, au cours de son enfance dans le Montana, s'est fait offrir un globe terrestre qu'elle ne quittait plus du regard.
 

Quant à Eric Schambion, originaire d'Obernai, il a été atteint par le virus du voyage quand, enfant également, son père, routier, l'emmenait dans la cabine de son camion parcourir les routes de France et de Navarre.
 

Après l'Amérique et l'Asie, les voilà partis pour arpenter les routes et les pistes africaines, en prenant soin d'éviter l'itinéraire classique Le Caire-Le Cap, pour privilégier les paysages d'Afrique de l'ouest, et en prenant également soin de contourner les points chauds : Côte d'Ivoire, Soudan, Congo, etc. Eviter les routes éthiopiennes également : il paraît que là-bas, les gamins caillassent les cyclistes. Les deux aventuriers à deux roues quitteront la campagne obernoise à l'aube du mercredi 7 mars, une étape qui devrait s'avérer plus paisible que face aux lions et aux éléphants kenyans.

J.-F. Ott

Eric et Amaya ont créé un site internet qui permet de suivre leur parcours en temps réel : www.worldbiking.info