Obernai
/ Du vignoble
obernois au dunes namibiennes à vélo
Eric Schambion et Amaya Williams ont choisi Obernai comme point de
départ d'une
aventure qui promet d'être singulière :
traverser l'Afrique pour rallier
Le Cap, en Afrique du Sud, soit 30 000 km qu'ils
parcourront à la
seule force de leurs mollets. Un challenge ? Non, un voyage.
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Quarante kilos de matériel sur le vélo, de la tente à l'ordinateur portable, pour un grand voyage commencé hier matin. (Photo DNA - J.-P. Kaiser) |
Ces deux voyageurs étonnants s'apprêtent à traverser 30 pays, parcourir les 30 000 km qui séparent Obernai du Cap et trimballer leurs 40 kg de matériel individuel sur des « world travellers » tout neufs, des petites reines capables de supporter un parcours peu commun : la France par les cours d'eau, le Rhin, la Saône, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, le Portugal, puis le Maroc, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Ghana, le Niger, le Nigéria, le Cameroun, le Gabon, le Kenya, le Mozambique, la Namibie et enfin l'Afrique du sud. Un voyage de 18 mois, entre le départ prévu le 7 juin, et le retour annoncé pour la fin de l'année 2007.
La dimension sportive n'est pas une fin
Pour
Eric et
Amaya, l'objectif de ce pari fou est d'encourager la pratique d'un
moyen de
transport écologique, économique et sympathique.
Résidant actuellement en
Allemagne, où la pratique du vélo est autrement
plus dynamique, ils ont songé
au deux-roues car « étant un moyen
d'apprécier davantage, de ne pas être
tributaire des horaires des transports en commun, d'élargir
son horizon, par
rapport à la marche, et d'être plus proche des
gens ». Plutôt dans ce cas,
avoir effectivement recours à un vélo
qu'à un 4x4. Leur
démarche se veut
également utile : le couple pédale pour
CAMFED (Campaign for female
education), une association anglaise d'envergure internationale qui
oeuvre en
faveur du renforcement de la scolarisation des jeunes filles en
Afrique. Ils
rendront d'ailleurs visite à plusieurs
établissements scolaires soutenus par
l'association
Leur
voyage revêt
enfin la forme d'un challenge sportif. Pas question pour autant
d'abattre les
kilomètres le plus rapidement possible. La dimension
sportive n'est pas une
fin, mais un simple moyen.
Plutôt
que le sport,
le dépassement de soi, la motivation première
d'Eric et d'Amaya, est tout
simplement le voyage, la découverte, l'ouverture d'esprit,
l'envie de se forger
sa propre opinion et sa propre expérience d'un continent
finalement assez mal
connu, quand il n'est pas en proie aux idées
reçues, l'Afrique. Eric et Amaya
sont surtout des voyageurs comme les autres, mis à part le
fait qu'ils
s'offriront le luxe d'oublier le temps et de goûter
à un sentiment brut de
liberté.
Une
liberté totale,
avec tout ce qu'elle comporte de difficile à
assumer : Eric et Amaya ont
tout plaqué pour partir. Leur appartement à
Darmstadt. Leur emploi (lui est
ingénieur dans le domaine de l'exploitation des satellites
météorologiques et
elle, formatrice en anglais) également. Ils ont
opté pour le choix de la
liberté sans user d'un quelconque filet de
sécurité. Tout consacrer à ce
goût
immodéré de la liberté est
peut-être leur plus grand challenge, plus encore que
la prouesse sportive. « La
sécurité, et surtout la peur de perdre cette
sécurité, est tout le contraire de la
quête de liberté », explique
Amaya.
A l'âge de 39 ans, ils ont envie de vivre leur vie, entre
occupation
professionnelle et voyage, auxquels ils consacrent le même
intérêt.
Quand on leur parle sécurité sur route, Eric et Amaya répondent : itinéraires bis, petites routes moins fréquentées, chemin que l'on demande aux locaux. « Lorsqu'on circule à vélo en Allemagne, en marge des grands axes de circulation, il se trouve toujours des riverains pour vous indiquer votre route. »
Enfant, son père, routier, l'emmenait dans la cabine de son camion parcourir les routes de France et de Navarre
En
matière de voyage
de longue haleine, Eric et Amaya n'en sont pas à leur
premier galop d'essai. 12
mois en Amérique Latine. 18 mois en Asie du sud-est, voyage
au cours duquel les
deux protagonistes se sont rencontrés pour ne plus se
quitter. « J'avais
eu vent de deux femmes qui ont traversé toute l'Eurasie, de
Paris à Pékin. Si
elles le font, pourquoi pas moi, me suis-je dit »,
se souvient Amaya qui,
au cours de son enfance dans le Montana, s'est fait offrir un globe
terrestre
qu'elle ne quittait plus du regard.
Quant
à Eric
Schambion, originaire d'Obernai, il a été atteint
par le virus du voyage quand,
enfant également, son père, routier, l'emmenait
dans la cabine de son camion
parcourir les routes de France et de Navarre.
Après l'Amérique et l'Asie, les voilà partis pour arpenter les routes et les pistes africaines, en prenant soin d'éviter l'itinéraire classique Le Caire-Le Cap, pour privilégier les paysages d'Afrique de l'ouest, et en prenant également soin de contourner les points chauds : Côte d'Ivoire, Soudan, Congo, etc. Eviter les routes éthiopiennes également : il paraît que là-bas, les gamins caillassent les cyclistes. Les deux aventuriers à deux roues quitteront la campagne obernoise à l'aube du mercredi 7 mars, une étape qui devrait s'avérer plus paisible que face aux lions et aux éléphants kenyans.
J.-F. Ott
Eric et Amaya ont créé un site internet qui permet de suivre leur parcours en temps réel : www.worldbiking.info